Pratiques et processus

La puce RFID, une « boîte noire » pour les nourrissons ?

La puce RFID intégrée au bracelet d’un nourrisson est-elle vraiment infaillible pour éviter les rapts ? Sécurité accrue ou surveillance à outrance ? Par Sophie Rivet.

La puce RFID, une "boîte noire" pour les nourrissons ?

La puce RFID pour localiser bébé

Chaque enlèvement en maternité relance le débat, inachevé et polémique s’il en est, du bracelet électronique pour nourrissons. Sécurité accrue ou surveillance à outrance ? Comment fonctionne ce système ? La puce RFID intégrée est-elle vraiment infaillible pour éviter ces rapts ? Les questions sont nombreuses et les réponses encore à l’état d’ébauche…

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L’accès à la santé et aux soins est, en théorie, libre. Par conséquent, l’accès à un hôpital est également totalement libre, les établissements de santé étant des lieux publics. Patients en consultation, résidents hospitalisés, urgences, visiteurs, personnel médical, ce sont chaque jour des milliers de personnes qui s’y croisent. Si l’on ajoute à cela le personnel en sous-effectif enchaînant de nombreuses heures de garde, comment, au sein des hôpitaux disposant d’une maternité, assurer la sécurité des nourrissons et rassurer les mères inquiètes ? Le bracelet électronique peut être une solution.

La puce RFID : boîte noire du bracelet électronique pour nourrissons

La solution actuelle en terme de bracelet électronique pour nourrissons en France est proposée par l’entreprise Bluelinea. Le bracelet en question, appelé Bluetag, est décrit par l’entreprise comme « un système de sécurisation des personnes vulnérables, et notamment des nouveaux-nés ». Son fonctionnement s’avère très simple. Le bracelet contient une puce sur laquelle sont stockées les informations d’identité de l’enfant : nom, prénom, date de naissance, nom de la mère. Il est fixé à la cheville du nourrisson quelques heures après sa naissance à l’aide d’une bandelette de plastique à taille adaptable. Il est étudié pour ne pas gêner le bébé : léger, petit, il ne pèse pas sur la jambe et n’empêche pas de l’habiller.

La puce RFID contenue dans ce bracelet émet des ondes qui permettent à la fois de localiser le nourrisson au sein de l’hôpital mais également de prévenir les rapts, grâce à une borne RFID placée dans chacune des portes de sortie du service qui détecte l’éventuel passage des différentes puces. Tant et si bien que, si un individu tente d’emmener un bébé hors de la maternité, une alarme retentit dans l’ensemble du service et la technologie permet au personnel de garde de localiser immédiatement le lieu où se trouve le nourrisson. L’alarme s’active également si la bandelette d’attache d’un bracelet est coupée.

La majorité des maternités françaises frileuses quant au bracelet électronique

Le premier bracelet électronique contenant une puce RFID a été posée à la cheville d’un nourrisson en 2007, à l’hôpital intercommunal du Raincy-Montfermeil (Seine-Saint-Denis), suite à deux enlèvements survenus à la maternité. Pourtant, malgré ses apparentes qualités, seuls 63 établissements de santé en étaient équipés en 2008 dans le monde, dont une dizaine seulement en France. Pourquoi les maternités françaises se montrent-elles si réticentes à équiper ainsi leurs nouveau-nés ? Avec le peu de recul dont nous disposons encore, voici quelques éléments de réponse.

Nourrissons et bracelets électroniques (c) photo : intellisec.co.za

Nourrissons et bracelets électroniques (c) photo : intellisec.co.za

Tout d’abord, le ratio annuel est assez faible entre le nombre d’enlèvements et le nombre de naissances. A titre d’exemple, depuis sa création en 2006 en France, le dispositif Alerte Enlèvement n’a été déclenché que huit fois, dont deux seulement pour des rapts de nourrissons en maternités, alors même que selon l’INSEE, il y a eu 796 044 naissances en France, rien qu’en 2008 ! L’émotion suscitée par un tel événement donne l’impression dans les médias d’une régularité des enlèvements, alors qu’en réalité, ces derniers restent extrêmement rares.

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Par ailleurs, si dans des établissements de taille très importante, l’intérêt de tels bracelets semble aisé à comprendre, la question se pose dans des structures de taille restreinte ou privées dans lesquelles le personnel est en nombre suffisant pour assurer la sécurité des nourrissons.

L’entreprise Bluelinea, bien consciente de cette réticence des établissements de santé français, multiplie les solutions pour faciliter l’accès à cette technologie. Elle propose notamment la location, d’un minimum de 3 ans, d’un « package » de bracelets électroniques, remplacements et réparation inclus.

Sécurité accrue ou surveillance à outrance ?

L’existence du bracelet électronique pour nourrissons rassure les mères inquiètes, certes. Mais jusqu’où peut-on aller dans cette obsession de la sécurité à tout prix avant de basculer dans l’hyper-surveillance ? Le père de Django, nourrisson victime d’un enlèvement en 2008 à la maternité d’Orthez, dans les Pyrénées-Atlantiques, n’a-t-il pas lui-même déclaré à la presse que « poser des puces électroniques aux bébés serait une dérive conséquente », avant d’ajouter « j’espère que la société ne prendra pas ce chemin là ».

Dans les maternités équipées de systèmes de bracelets électroniques à puces RFID, les parents qui ne souhaitent pas que l’on pose un tel appareil à leur enfant doivent signer une décharge. Cela sous-entend-il alors qu’en cas d’enlèvement, ce seront eux qui seront accablés et non l’établissement de santé responsable ?

De nombreuses autres questions seront certainement soulevées à l’avenir. A l’heure actuelle, aucune preuve scientifique n’a été apportée pour démontrer que les puces RFID contenues dans les bracelets pour nourrissons n’étaient pas nocives. Pourtant, peut-on consciemment en écarter la possibilité ?

Auteur : Sophie Rivet

Dossier spécial technologie RFID / NFC et marketing

Pratiques et utilisations de la RFID / NFC

Les dangers et limites de la RFID

Lire le sommaire détaillé de notre dossier sur la RFID.

2 commentaires

2 Comments

  1. LARDOUX Guillaume

    20 février 2013 à 7:02

    Au delà de l’inutilité totale d’un tel dispositif, c’est de l’intégrité humaine qu’il est question, si on fait abstraction des orteils sur la seconde photo on penserait presque à un steack …

    On tombe bien bas, si on veut éviter les « vols », il suffit de payer un gusse pour surveiller la porte ou même créer une entrée sécurisée (carte à puce, badge du personnel …), mais non c’est pas assez « high-tech » ça comme idée … –‘

    1984 W3lc0m3

    o/

    • cire

      6 mars 2014 à 10:00

      A voir si ce genre de dispositif est réellement efficace et le coût réel ?
      Cependant, vu la taille d’un hôpital, je pense qu’il est impossible de mettre des « gusses » partout et nos pays latins ne sont pas assez disciplinés en terme de sécurité pour mettre des entrées sécurisées partout (contrairement à ce qui ce fait en GB).
      Il suffit d’avoir été parent dans une maternité pour constater les allées et venues qu’il y a !
      Donc pourquoi pas ce genre de système, si ca reste discret et non intrusif dans la vie privée.
      😉

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