La télévision connectée est d’ores et déjà largement déployée dans les foyers français, de façon « transparente » via les « box » des opérateurs. En effet, ces derniers proposent des services limités, s’approchant fortement des fondamentaux de la télévision connectée (VOD, …), présentant de fortes similarités technologiques.
Aujourd’hui, la plupart des téléviseurs vendus en France sont des télévisions connectées. Les principaux constructeurs ont fait un effort de standardisation qui est insuffisant mais réel. Certaines chaînes ont, par exemple, fait un premier pas pour proposer des services comme France Télévisions avec Salto.
Il ne manque en réalité que les services proposés par les éditeurs pour que la TV connectée puisse être utilisée à grande échelle, mais cela est imminent. Plus exactement, le monde de la TV connectée est en attente de sa « killer-app », celle qui rendra l’usage indispensable dans tous les foyers.
Une chose est sûre, le potentiel sur le marché français est plus grand qu’ailleurs car dans notre pays, les opérateurs offrent depuis longtemps des offres « triple-play » qui ne sont ni plus ni moins que des adaptateurs qui transforment les téléviseurs en télévisions connectées. Cette approche a déjà habitué les téléspectateurs à connecter leur téléviseur à Internet.
L’intérêt de la télévision connectée, des avantages aux inconvénients
La télévision connectée a l’avantage de s’adresser à un très large public. Son usage va donc rendre la délinéarisation des contenus accessibles à un public encore plus étendu. Il est important de rappeler que la délinéarisation correspond à une consommation libre des médias dictée par la volonté du spectateur et non plus du média source.
La délinéarisation fonctionne à plein régime sur les formats courts, mais beaucoup moins bien sur des formats plus longs. La TV connectée va donc permettre la délinéarisation sur des contenus de durée plus longue.
Enfin, l’utilisation d’appareils à écran tactile (téléphone, tablette) comme télécommande promet de révolutionner l’ergonomie de l’interactivité. Là où actuellement une télécommande est insuffisante, l’utilisation d’une tablette tactile va permettre des applications dites « second screen ». Ceci va permettre le développement de la social TV et donc de faire un lien entre les émissions et les réseaux sociaux. Pour les chaînes c’est un fabuleux levier pour attirer de l’audience autour de leurs émissions phares.
Encore du chemin à parcourir…
La télévision connectée n’en est qu’à ses débuts. Il s’agit d’un terrain vierge à défricher et beaucoup d’éléments restent à inventer, des business models aux usages.
Le business model va être le même que celui sur Internet : proposer ses contenus sur les TV connectées soit par modèle payant (abonnement ou achat à l’acte) soit par le financement publicitaire, soit par un modèle hybride dit freemium.
Toute évolution des business models nécessite :
- Des contenus : Les grandes chaînes ont les moyens de fournir des contenus de qualité sur ce support. La question est de savoir si elles vont le faire ou si elles vont laisser les pure-players prendre les risques dans un premier temps. Les formats qui marcheront seront probablement différents sur la télévision connectée que sur la télévision classique.
- Une standardisation : Même si d’importants progrès ont été réalisés, la standardisation est à ce stade incomplète. Bien sur grâce aux solutions technologiques multi canal, on peut adresser pour un coût maîtrisé la quasi-totalité des téléviseurs connectés du marché en même temps que les tablettes, smartphones et bien sur le web. Mais le manque de standardisation nuit au marché de la même façon que le manque de standardisation a longtemps nui au marché des applications mobiles avant qu’Apple et Google ne règlent le problème avec leurs standards « de fait ».
- De la recherche en termes d’ergonomie : de nombreuses interfaces utilisent encore la télécommande et ne sont pas pratiques. Tant que l’ergonomie n’aura pas progressée, l’usage de la TV connectée restera confidentiel. En revanche, on sait qu’en combinant smartphones et TV connectée, il est possible de réaliser des interfaces innovantes.
Les premiers acteurs qui trouveront les bons usages et les bons business models auront un impact majeur sur le marché. Inversement, ceux qui ne prendront pas le train en marche, auront énormément de difficultés à le rattraper.
Une fois le bon modèle trouvé, les actions de marketing et de communication feront le reste et le décollage sera d’autant plus rapide que les appareils sont déjà dans les foyers ! Il n’y a donc rien à acheter, juste un câble à brancher.
Comme la tablette a crée de nouveaux usages et une nouvelle façon de vivre l’informatique nomade, le téléviseur connecté va une fois de plus changer notre rapport à la consommation de contenus audiovisuels. Ce sont ces nouveaux usages qui auront un impact sur le marché mais ils restent à inventer. Les retours d’une stratégie gagnante peuvent ainsi être considérables, il est donc important pour les marques d’être accompagnées par le bon partenaire technique capable de travailler main dans la main avec les services marketing sur des réalisations innovantes.
Pour conclure, il ne faut jamais perdre à l’esprit que la télévision connectée n’est qu’un seul des canaux de diffusion des contenus : L’internet, le téléphone et la tablette vont donc continuer à être utilisés conjointement dans des situations différentes. Le prestataire choisi devra alors aborder cette stratégie multi-canal et fournir les outils techniques pour y répondre, tout en maîtrisant les coûts à la fois techniques et éditoriaux.
Auteur : Franck Coppola, Dirigeant et fondateur d’Hexaglobe
Un article de notre dossier Télévision connectée, télévision 2.0
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