En 2013, des dizaines de millions de téléviseurs connectés se vendront à travers le monde, et le nombre total de téléviseurs 2.0 installés devrait dépasser les 100 millions*. À la fin de la décennie, la grande majorité des téléviseurs vendus dans les pays développés intégreront sans doute la connectivité. Cette innovation constitue-t-elle pour autant une révolution ? Non. La généralisation de la connectivité tient plutôt au fait qu’il sera devenu quasiment impossible d’acheter un téléviseur non connecté.


À la fin de la décennie, la grande majorité des téléviseurs vendus dans les pays développés intégreront sans doute la connectivité. Cette innovation constitue-t-elle pour autant une révolution ? Non. La généralisation de la connectivité tient plutôt au fait qu’il sera devenu quasiment impossible d’acheter un téléviseur non connecté.
TV 2.0 : un achat « par défaut »
Malgré le boom prévu des ventes dès 2013, seule une faible proportion de télévisions connectées – 15% maximum – seront achetées exclusivement ou principalement pour leur connectivité. Dans la grande majorité des cas, ce sont le prix, la taille et la netteté de l’écran qui resteront les principales raisons de l’achat. La plupart des clients qui achèteront ces téléviseurs considèreront la connectivité plutôt comme un bonus. Certains y seront indifférents et d’autres se sentiront mécontents d’avoir à payer pour des fonctionnalités qu’ils n’ont pas l’intention d’utiliser, ou auxquelles ils ont déjà accès par ailleurs.
En pratique, il devrait être plus facile d’utiliser la télévision à la demande et les services de VOD sur un téléviseur à connectivité intégrée. Mais cet argument est un facteur de différenciation déterminant uniquement si les téléspectateurs utilisent ces services fréquemment. Or, si les téléviseurs 2.0 sont susceptibles d’être utilisés occasionnellement pour jouer à des jeux en ligne, naviguer sur Internet, télécharger des applications, ou même utiliser de la vidéo-conférence, ils servent principalement à regarder des programmes télévisés et des films. Plus de la moitié des propriétaires l’utiliseront donc comme une télévision classique. Il est fort probable que la situation n’évolue pas beaucoup à moins que des contenus exclusifs ne soient rendus disponibles uniquement sur télévision connectée.


Ariane Bucaille, Associée responsable secteur TMT (Technologies, Médias et Télécommunications) chez Deloitte
La concurrence des connexions usuelles
L’une des principales raisons pour lesquelles la connectivité n’est pas un argument de vente essentiel, c’est que des centaines de millions de foyers à travers le monde ont déjà un ou plusieurs moyens de relier leurs postes à internet. Les consoles de jeux, les décodeurs et les lecteurs Blu-Ray ont généralement la connectivité intégrée et, dans la plupart des familles, ils sont en permanence connectés à un téléviseur. Ces périphériques offrant souvent des menus dédiés et des applications permettant d’accéder à des services à la demande, le téléviseur connecté ne répondra pas à un besoin. Grâce à un port HDMI, avec fil ou sans fil, par l’intermédiaire d’une connexion wifi les ordinateurs portables, les tablettes et les smartphones haut de gamme peuvent tous transformer une simple télévision en une télévision connectée.
De plus, dans la majorité des cas, la qualité des programmes radiodiffusés ou enregistrés en numérique devrait rester meilleure que celle des programmes disponibles en ligne dont la qualité de la réception dépend de la capacité des réseaux haut-débit.
Trouver des moyens de différencier leurs produits et peaufiner leurs offres commerciales permettra aux opérateurs et éditeurs de services d’améliorer leurs marges. Il convient de déterminer précisément quelles fonctionnalités et quelles attentes des clients seraient les plus susceptibles de créer de la valeur.
Quant aux chaînes de télévision, il leur est conseillé de garder un œil sur les terminaux par le biais desquels leurs contenus seront reçus et consommés, et de mesurer l’impact des nouvelles formes de consommation.
Auteur : Ariane Bucaille, Associée responsable secteur TMT (Technologies, Médias et Télécommunications) chez Deloitte
*Source : TMT Predictions de Deloitte
Un article de notre dossier Télévision connectée, télévision 2.0

